Cyrille CHAVET

Université Bretagne Sud

Espagne - Andalousie

Le pays n´a pas été meurtri par les deux guerres mondiales mais a été pendant longtemps une terre d´émigration, à cause de la crise économique du XIXe siècle jusque dans les années 1970-1980.
Parmis ces familles qui quittèrent leur terre natale, mes aïeux partirent pour s´installer en Algérie (Mostaganem, famille Martinez), en Algérie puis au Maroc (Berkane, famille Moreno) ou directement au Maroc (Rabat, famille Montoro).

Maroc - Berkane

Origine du nom de la ville de Berkane: Berkane est le nom simplifié du marabout sidi Ahmed Aberkane (Aberkane) signifie le noir en Berbère Zénete.
Située au nord-est du Royaume du Maroc, la zone de Berkane est un ensemle de plaines et de montagnes. Elle s'étend du Rif oriental à la frontière algérienne et fait partie de l'étroite frange méditérannéenne limitée à l'est par l'oued Kiss (Algérie), au sud par l'oued Moulouya.
Son environnement naturel, son patrimoine culturel et son contexte géographique -proche de la méditérannée- la place parmi les territtoires les plus favorables à une activité touristique de type "tourisme vert"


Quelques dates importantes:
Le 1er janvier 1908 un détachement de la colonne française du nord, plante le drapeau français au sommet de Ras Foughal et, pour commémorer l'évenement grave une inscription sur la pierre.
Le 12 Janvier 1908 les notables de quelques tribus des "Triffa" et "des Béni Snassen" présentent leur soumission au général Lyautey.
Pour faciliter la surveillance et les mouvements des Beni Snassen des postes militaires ont été établis à Taforalt, Berkane et Ain sfa ...etc, centre de rayonnement destinés à surveiller le territoire.

A partir de 1908:
-Installation des familles Françaises à Berkane: la sécurité encourage l'émigration Européenne. Les familles arrivent de France, d'algérie et de la zone Espagnole.
L'armée organise leur installation et jette les premiers fondements de Berkane. Elle s'inspire des villages de la colonisation en algérie: rues larges, spacieuses, bien alignées, bordées d'arbre, faux poivriers, mûriers, acacias, une plantation d'eucalyptus assèche les marais près de l'oued et ceinture le camp militaire fleuris de mimosas et d'aubépines.
Les terrains sur lesquels est bâti le village de Berkane appartient à un des grands colons de la région Mr. Girardin qui est le prête nom de l'administration, il a cédé gratuitement l'emplacement des rues, des places, de la gendarmerie, de l'école de la maison communale, et du marché. Les lots de village sont vendus au prix uniforme de 10 centimes le mètre carré.

Des maisons confortables remplacent petit à petit les baraquement, les quartiers se dessinent. Un marché s'ouvre, vite fréquenté par les Béni Snassen et les triffa. Il devient lieu de rencontres avec les européens.

Dès 1907, les pemiers colons tentent de s'implanter dans la plaine des triffas mais les Marocains répugnent à céder leur terres à des non-musulmans, il faut donc avoir recours à un intermediaire. De 1910 à 1914 le mouvement prend de l'ampleur. En vue d'éluder le consentement du maghzen, toujours difficile à obtenir, tous les européens qui ont acheté des terres ont eu recours aux bons offices d'un intermédiaire algérien qui, en sa qualité de musulman, était censé pouvoir acquérir des biens immobiliers en territoire chérifien, sans avoir à demander l'autorisation prévue par les taités (acte d'Algésiras, art 60 et convention de Madrid 1880)

Maroc - Rabat

Rabat est la capitale du Royaume du Maroc. Il est aussi le centre et chef lieu de la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer. La ville est située sur l'océan Atlantique à l'embouchure de la rivière Bou Regreg. Sur l'autre rive se trouve Salé. Ensemble, les deux villes représentent une population de 1,7 millions de personnes selon une estimation de 2007.
Les deux villes maintiennent leur importance, en plus du centre administratif que constitue Rabat, par l'ensemble des industries du textile et de transformation alimentaire et les ateliers d'artisanat. Récemment, Salé commence à s'ouvrir aux entreprises multinationales. En outre, le tourisme et la présence de toutes les ambassades et représentations diplomatiques étrangères au Maroc ont fait de Rabat la deuxième plus importante ville du pays après la plus importante sur le plan économique Casablanca. L'histoire de Rabat a commencé dans un endroit connu sous le nom de Chellah sur les rives de l'oued Bou Regreg au troisième siècle avant Jésus-Christ. En 40 après JC, les Romains ont pris le contrôle de Chellah et l'ont converti en colonie romaine connu sous le nom de Sala Colonia. Rome a tenu la colonie jusqu'à l'an 250 quand elle l'a abandonnée aux Al-Mohades. L'empire des Al-mohades a joué un rôle important dans l'Espagne musulmane.
Les murs et les fortifications de la ville de Rabat: la Casbah des Oudayas.
L'empire almohade a perdu le contrôle de ses possessions en Espagne et d'une grande partie de son territoire africain, pour aboutir finalement à son effondrement total. Au 13e siècle, la puissance politique de Rabat est transférée à Fès. L'explorateur et historien Hassan El Ouazzan a indiqué qu'en 1515, Rabat a diminué à tel point que seulement 100 maisons habitées subsistent. Un afflux de familles andalouses, qui avaient été expulsées de l'Espagne, au début du 17e siècle a permis de stimuler la croissance de Rabat (familles principales: Mouline [Molina], BARGACH [Vargas], Balafrej [Palafresa], Moreno, Baena, Olivares [Loubaris],. ..) et ont habité les deux rives de Bouregrag. Rabat et Salé voisins unis pour former la République du Bouregreg en 1627. La République est gérée par les Moudjahidines (appelés Pirates de Barbarie) et ont utilisé les deux villes comme ports de base pour lancer des attaques sur les transports maritimes. Les pirates n'ont pas eu à composer avec toute autorité centrale jusqu'à ce que la dynastie Alaouite partie de Tafilelt unit le Maroc en 1666. Ils ont tenté d'établir un contrôle sur les pirates, mais sans succès. Les Européens et les autorités du Makhzen ont continué de tenter de contrôler les pirates au cours de nombreuses années, mais la République de Bouregreg ne s'est pas effondrée avant 1818. Même après l'effondrement de la république, les pirates ont continué à utiliser le port de Rabat, ce qui a causé le bombardement de la ville par l'Autriche en 1829 après la perte d'un navire autrichien suite à une attaque.
Les Français ont envahi le Maroc en 1912 et ont établi un protectorat. L'administrateur français du Maroc, le général Hubert Lyautey, a décidé de déplacer la capitale du pays de Fès à Rabat à cause des attaques des résistants Amazighs. Le Sultan Moulay Youssef a suivi la décision des Français et a déménagé sa résidence à Rabat. En 1913, le général Lyautey a confié à Henri Prost la conception de la Ville Nouvelle (Rabat moderne) comme un secteur administratif. Lorsque le Maroc a acquis son indépendance en 1956, Mohammed V, alors Roi du Maroc, a choisi de faire demeurer la capitale à Rabat.
De nombreuses familles pauvres d'Andalousie ont pendant cette période émigré pour s'y installer parmis eux la famille Montoro.

Algérie - Rivoli

Un peu d'histoire :
En France, la fermeture soudaine des Ateliers Nationaux provoqua l'insurrection de juin 1848 et 11 000 personnes furent arrêtées. 3 à 4 000 furent aussitôt déportées en Afrique et envoyées au pénitencier de LAMBESE (ceux qui restèrent en tant que colons se sont installés pour la plupart dans le département de CONSTANTINE). Il n'y a à priori aucun rapport entre ces condamnés politiques des journées révolutionnaires et les ouvriers parisiens à qui le Gouvernement fit appel 3 mois plus tard, après le décret du 19 décembre 1848 qui débloquait un crédit de 50 millions de francs pour l'établissement de colonies AGRICOLES dans les Provinces d'ALGERIE et pour les travaux d'utilité publique.

Chiffre des colons prévus : 12 000, porté à 13 500 en novembre 1848. En fait, il en est venu 20 000 environ.

Les " colonies agricoles " de 1848:
     ALGEROIS : BOU-ROUMI, CASTIGLIONE, DAMIETTE, EL-AFFROUN. LODI, MARENGO. MONTENOTTE, NOVI, La FERME, PONTEBA, ZURICH
    ORANAIS: ABOUKIR, AÏN-NOUISY (NOISY-les-BAINS), AIN-TEDELES, ASSI-AMEUR, ASS1-BEN-FEREAH, ASSI-BEN-OKBA, ASSI-BOU-NIE DAMESME, FLEURUS. KLEBER, MANGIN. MEFFESSOUR (RENAN), SAINT-CLOUD, SAINT-LEU, SAINT-LOUIS, SOUK-EL-MITOU (BELLEVUE), RIVOLI, TOUNIN.
    CONSTANTINOIS : BARRAL, HELIOPOL1S, JEMMAPES, GASTONV1LLE, MILLESIMO, MONDOVI. PETIT, ROBERTVILLE.

Il y aura 17 CONVOIS VOLONTAIRES.

Le 1er convoi démarre de Paris, le 8 octobre 1848 à destination de SAINT-CLOUD (Oranie) via ARZEW.

Le 2ème convoi démarre de Paris le 15 octobre 1848 à destination de SAINT-LEU (Oranie) via ARZEW.

Le 3ème convoi démarre de Paris, le 19 octobre 1848 pour RIVOLI (Oranie) via MOSTAGANEM.
Ce fut un grand évènement parisien. Les Autorités Militaires et Religieuses étaient sur les quais de la Seine, parmi la foule enthousiaste. Discours de Monsieur TRELAT, Président de la Commission de la colonisation de la Chambre. LAMORICIERE harangua les futurs colons et Monseigneur MORLOT, Archevêque de Paris, les bénit.

Le convoi était constitué de 4 bateaux de 30 mètres de long sur 6 de large, avec à leur bord 865 colons (330 familles), sous la responsabilité du commandant RASTOUIL, assisté du chirurgien du Val de Grâce TRUDEAU, et accompagné de l'abbé DURAND-DIDIER.

Départ du quai Saint-Bernard. Le convoi s'ébranla aux accents de la MARSEILLAISE et du chant des GIRONDINS.

    Le périple
Trajet de Paris à Marseille : 3 semaines
- la Seine jusqu'à Montereaux,
- puis les canaux de Briare, de la Loire et du Centre,
- puis la Saône de Châlon à Lyon
" toujours aux pas lents des chevaux de halage "
- puis de Lyon à Arles par bateau à vapeur,
- puis d'Arles à Marseille en chemin de fer,

Tout au long du parcours, les émigrants furent salués et acclamés. Ils reçurent à Marseille comme à Paris, la visite des Autorités.
- puis embarquement pour l'Afrique sur la frégate MAGELLAN jusqu'à MOSTAGANEM, où elle jeta l'ancre à 1 heure du matin après 8 jours de mer...

A l'arrivée, le Général BOSQUET décide de faire choisir entre 3 lettres A- B et C ( A correspondait à RIVOLI, B à PONTDU-CHELIF et C à AIN-TEDELES). Tirage au sort...
Ceux de RIVOLI étaient les moins nombreux :
- 71 hommes
- 44 femmes
- 61 enfants de plus de 12 ans
- 21 enfants de moins de 12 ans
Ils furent confiés au Capitaine MAGNIN au camp d'HASSIMAMECH (MAMECH paraît avoir été le personnage de la tribu des DRADEB qui a donné son nom à un puits non entretenu). Les colons ont d'abord été logés dans des baraquements. Ils devaient être nourris jusqu'au 31 décembre 1850.

    Ration journalière :
- 200 grammes de pain pour soupe,
- 200 grammes de biscuits,
- 200 grammes de viande fraîche,
- 28 grammes de chandelles,
- 180 grammes de semoule,
- 200 centilitres de vin,
- 0,10 franc d'indemnité
Enfant de 2 à 12 : - 1 demi ration
Enfant de moins de 2 ans : - néant
Périodiquement, distribution de souliers, chapeaux, chemises et autres vêtements.

Il y eut bientôt au village un boulanger et quelques commerçants et 2 cabarets.

Tous les hommes devaient être présents, matin et soir, à l'appel du travail. Ceux qui ne respectaient pas ces consignes étaient punis (on relève dans les archives une demande de privation de 8 jours de vivres pour 7 colons qui ne s'étaient pas présentés à cet appel). Chaque soir, extinction des feux!

Il y eut quelques familles supplémentaires pour RIVOLI avec le 17ème convoi. Celui-ci, parti de Paris le 17 mars 1849, prit la frégate l'INFERNAL à Marseille pour MERS-ELKEBIR. S'étant trompée de route, elle s'échoue dans la baie de STORA. Rassemblés à PHILIPPEVILLE, les colons furent embarqués sur le VAUTOUR pour ALGER (6 jours de voyage). Nouvel embarquement sur le DAUPHIN qui parvint à MOSTAGANEM le 18 avril 1849 !

Pose de la lère pierre le 10 janvier 1849 (lettre du Capitaine MAGNIN au Général Commandant de la Subdivision).

Une bouteille renfermant un écrit signé par tous les colons a été scellée et recouverte dans les fondations.
A mesure que les maisons étaient prêtes, elles étaient tirées au sort et livrées aux colons. Le 25 novembre 1848, souscription des Oranais destinée à aider les colons de RIVOLI à débarrasser les terrains encombrés de palmiers nains (6 Espagnols pour le défrichement).

Les concessions : dès mise en valeur de la totalité des terres arables de leur concession, les titres provisoires de propriété étaient convertis en titres définitifs. Dans le cas contraire, le Ministre pouvait prononcer la déchéance des concessionnaires et la reprise de possession des biens par l'Etat. Il y avait 3 mois de carence pour pouvoir aliéner ses terres et maison après la délivrance de l'acte de propriété définitive. Avant ce délai, les colons devaient rembourser à l'Etat le montant des dépenses effectuées pour leur installation.

Les métiers des colons à leur arrivée à RIVOLI:
12 seulement étaient paysans, le reste boulangers, menuisiers, maçons, forgerons, carriers, un scieur de long, un maître d'hôtel, un peintre doreur, un ouatier, un fumiste, d'anciens militaires et autres spécialités... Un " moniteur agricole " a été choisi parmi les colons, Monsieur ROUILLON. Le premier Maître d'école fut le curé, l'abbé COULON. La première salle de classe était l'église aménagée dans une simple maison de colonie. Le premier instituteur a été Monsieur BEUR VILLE, " première institutrice Mademoiselle LEROUX. L'école des filles, complétée par l'école maternelle, sera confiée en août 1853 à des religieuses Trinitaires.

La remise des pouvoirs militaires à l'autorité civile est effectuée le 1er juillet 1852 :

François Léon MONTALANT est nommé Maire par le GOUVERNEUR GENERAL.

                  RIVOLI est devenu un vrai village !

Noms des concessionnaires installés à RIVOLI et dans la vallée du NADOUR entre 1848 et 1865 : Aux, ARNAULD, BARNABE, BARTHELEMY, BORDAS Marc, BORDAS Martial, CARTlGNOLE, CHABUEL, CHARPENTIER, CHATELAIN, CHAVET, CHERADAME, CLAUSTRES, COHEN, CORNU, CRASTE, CROLBOIS, DARRICARERE, DAUB, DEBOUCHE, DECOLOGNE, DESJARDINS Jacques, DESJARDINS Pierre, DEJEAN, DEVIN, DONADIEU, DURAND de NAILLAC, ESPEUTEVRARD, FAUQUE, FAYON, FUGET, GAUDETGELIS, GILLOT, GONTHIER, GRAILLAT, GRIVAUX, GUILBERT, GUILLOU, GUYOT, HAMELIN, HAUDRICOURT, HAREL, HEMENOT JAILLAT, JAMBERT, JEAN-MARIE, LASIGNAT, LE CIGNE, LEMEY MAGNIN, MARCHAND, MARY, MASSOUTIER, MAUSSANG, MENETRIER, MOLITOR, MONTALANT. MORICE, PAPELDUCI, PEZOLD, PLATEL, POCQUET, POINTU, POUGET, POURTALET, PUJOL, RAMOND, RECORD, REMY, REPELIN, RIGAUD, ROBIN, ROGER, ROTTE, ROUSSELLE, SAINT-UPERY,SAMUEL, SANDRE, SAURAT, SCHVVEITZER, SIMON, SUILHARD, TAILLADE, THOMAS, TIREL, TRUCY, TUFFIERE, ULRICH, UNTEREINER, VALLEE Amédée, VALLEE Louis, VIGNAU.


(Références : " Une colonie Agricole en 1848: RIVOLI " de V. DEJARDINS, parue dans le bulletin de la Société Géographique d'ORAN 1934 " - Voir l'article de Madame Geneviève DE TERNANT paru dans l'Echo de l'Oranie n°188 de janvier/ février 1987).

(Armand Bonhommet - 66 avenue Saint Exupéry - 13800 ISTRES)

Algérie - Mostaganem

La ville de Mostaganem fut prise le 28 juillet 1833 par le général Desmichels qui, au bout de quelques jours repartit pour Oran, laissant sur place une faible garnison de soldats français.
Le est centre occupé par les Kouloughlis et les Turcs sur la rive gauche de l'Ain-Sefra, groupés autour d'un vieux fort appelé Bordj el Mehal (fort des Cigognes) ;
Matemore, quartier presque exclusivement occupé par les Maures, se livrant au commerce des grains ;
Tigditt au Nord qui avait l'aspect d'un faubourg complètement ruiné
et, enfin, Didjida, situé au Sud qui fut appelé par la suite : village des Citronniers.
C'est là le point de départ de la ville et, dès la signature, la paix s'installe dans la région où elle fut cependant encore troublée, en 1840 et 1845. La première promenade publique, partant des portes de Mascara pour aller au quartier de Beymouth, en longeant la route de Relizane, fut créée en 1851, sur l'emplacement de ce qui devait être plus tard le Jardin Public.
En 1855, le Conseil Municipal approuva le plan d'alignement des rues, des places et carrefours de la ville encore enserrée dans ses remparts, ceux-ci s'ouvraient sur l'extérieur par cinq grandes portes : Porte de Mascara, d'Arzew, de la Marine, des Medjahers, du Fort de l'Est.
Un décret du 6 février 1856 porta création du Tribunal de Première Instance.
Un décret impérial du 10 avril 1857 décida de la création des lignes de chemin de fer d'Alger à Oran et de Mostaganem à Relizane.
En 1862, le Conseil vota un emprunt destiné à la construction d'une école de filles, d'un abattoir, d'un théâtre.
On décida, en 1864, l'aménagement de la Place d'Armes. On y planta les beaux platanes qui entourent la grande église.
Le 20 mai 1865 l'Empereur Napoléon III rend visite à la ville. Les clés de Mostaganem lui furent présentées par le Maire, M. Bollard.
Année après année, la ville prit sa physionomie de Cité Française, dotée tour à tour de tous les bâtiments nécessaires à son agglomération grandissante, écoles, collèges, ponts sur l'Ain-Sefra, marché couvert, halles aux grains, école primaire supérieure, port, chambre de commerce, hôpital, etc...
Après la grande guerre de 1914-1918, la ville éclata hors de ses remparts mis à bas en même temps que la Caserne du Barail, dont les effectifs, formés par le valeureux 2ème Régiment de Tirailleurs avaient été transférés dans la nouvelle et grande caserne du général colonieu.
La ville prit un essor considérable qui se traduisit par le développement de tous ses quartiers extérieurs et la création de nouveaux faubourgs.
Dans la nouvelle organisation administrative de l'Algérie Française, Mostaganem avait pris rang de chef-lieu de département avec, nouvelle Préfecture, Hôtel des Finances, etc...
L'Hôtel de ville était installé, au début, sur la place d'Armes qui devint plus tard, la place de la République. L'évolution de la cité rendit nécessaire la construction d'un nouvel édifice, sur un terrain situé à l'extérieur des remparts. Construit par M. Monthalant, architecte, le nouveau bâtiment fut inauguré le 10 juillet 1927 par le maire, M. Adrien Lemoine, en présence du Gouverneur Général.
Par son style original et imposant, sa taille et sa blancheur éclatante sous le soleil, la nouvelle Mairie, encadrée dans les frondaisons d'un grand jardin public, dominait la ville. Son beffroi se voyait de très loin, il s'enrichit plus tard d'une horloge sur ses quatre faces. Pour parachever cet ensemble, un Monument aux Morts (œuvre du sculpteur parisien Maurice Favre), fut érigé en 1932, à la gloire du 2ème Tirailleurs. Maître Lucien Laugier fut le dernier maire de Mostaganem de 1953 à la fin de l'Algérie Française. De la vaste esplanade de la nouvelle Mairie partait l'avenue du 1 er de Ligne qui menait à la place de la République. De très nombreux commerces sous ses arcades, en faisaient le centre des affaires.
La Place de la République, ombragée de platanes centenaires est entourée sur trois côtés par des immeubles à arcades, la Banque de l'Algérie et le Crédit Lyonnais sur le quatrième côté. Au milieu de la place, l'église Saint Jean Baptiste, avec ses ouvertures de style Roman et son clocher en dôme si caractéristique de l'époque centenaire à laquelle remonte son édification.
Alors que la ville était en plein essor, une terrible catastrophe vint anéantir le quartier du marché couvert. L'Ain-Sefra est un oued qui prend sa source à quelques kilomètres de Mostaganem. Il était souterrain à cette époque. Cet automne était particulièrement pluvieux et ces averses répétitives avaient considérablement augmenté le niveau de l'eau qui charriait branchages et matériaux divers. Dans la nuit du 26 au 27 novembre 1927, en six heures de temps et sous une pluie diluviennes, un véritable fleuve en furie de 70 mètres de largeur sur 4 mètres de hauteur vint envahir la place Gambetta et frapper de plein fouet le marché et les immeubles avoisinants. Rien ne résista à cette force extraordinaire.
Le quartier changea complètement d'aspect. La place disparut, les remparts furent rasés et l'Ain-Sefra coulait alors à ciel ouvert (et sous surveillance). Trois ponts furent jetés par dessus pour relier le centre de la ville au quartier de Matemore. Le Port de Mostaganem ne prit son véritable départ qu'après l'inondation de 1927 dont il souffrit beaucoup.
Les premiers travaux de construction furent engloutis.
Les Romains, les Arabes et les Turcs ne s'étaient guère occupés de créer un port à Mostaganem. La Crique au nord de la Salamandre et la "Baie des Pirates" à l'ouest de Karouba formaient les seuls abris, bien précaires, pour les pêcheurs et les felouques turques, pressés par un grain menaçant de gagner la côte. A cette époque, il n'existait devant Mostaganem, qu'une plage de sable, au milieu de laquelle coulait l'Ain-Sefra. Les premiers travaux destinés à faciliter le trafic maritime aux abords de Mostaganem furent entrepris en 1847, sous la forme d'une jetée-débarcadère.
Longtemps, les navires allant d'Alger à Oran passaient au large de Mostaganem sans s'y arrêter. Chargement et débarquement s'effectuaient par caboteurs puis, avec la construction du nouveau port, des navires de fort tonnage partaient plusieurs fois par semaine pour Sète, Marseille, Bordeaux, Rouen et des navires de Kieselghur, matière filtrante utilisée en confiserie, vers les États-Unis d'Amérique.
La Salamandre est un petit havre marin au large duquel s'était échoué, au siècle dernier, ce vapeur qui lui donna son nom.